Bévues de Presse Un essai boycotté

mardi 17 mai 2005

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Lire au sujet d'autres cas de maljournalisme

(avec une sélection de ce site) dans:

 

Lecordelier.com

(l'observatoire des élites politiques, médiatiques...)

 

Du silence à la censure…

Bévues de presse a été boycotté par la plupart des médias, depuis sa parution début 2002, et a tardivement intéressé quelques instances spécialisées. Ce relatif silence au sujet d’un livre très documenté qui – pour une fois – traite le maljournalisme avec empirisme et précision, traduit un profond malaise. Tout comme la censure délibérée de certains responsables de journaux (Marianne, La Croix…) ou de l'Agence France Presse lors du lancement, pour citer les cas les plus flagrants (Maljournalisme à la française, essai «auto-bibliographique», y revient plus en détail).

En mai 2002, La Croix interroge longuement Jean-Pierre Tailleur pour un dossier sur la responsabilité des médias dans la montée du lepénisme. Plusieurs membres de cette rédaction ont trouvé le livre et les propos pertinents, mais l’interview passe à la trappe inopinément. L’auteur est remplacé à la dernière minute par un universitaire «médiologue» reconnu, Daniel Bougnoux, qui n’explique pas le rôle de la presse dans la coupure spécifique à la France entre pays d’en haut et d’en bas. (*)

De même, un an plus tôt, les éditions du Seuil rompent subitement leur contrat d’édition d’un livre qui les avait enthousiasmé, préférant perdre l’avance versée à l’auteur. L’essai doit être publié fin 2001 sous le titre Erreur à la Une, mais un avocat estime qu’il peut entraîner 115 procès en diffamation. Le Félin – éditeur courageux qui a pris la relève du Seuil - n'a pourtant pas reçu la moindre plainte depuis le lancement. Zéro lettre ou procès, ce qui n’a rien d’anormal pour un essai balisé par des faits maintes fois vérifiés. Bévues de presse contient sûrement des passages contestables mais, à de très rares exceptions près, la corporation des journalistes ne les a pas relevés.

Quelques journaux (Le Point, Le Monde diplomatique, Challenges, Information juive etc.) ou journalistes (Christophe de Ponfilly) ont signalé le caractère innovant de ce travail. Des radios publiques (France Info, France Culture ou Radio France Internationale) ont également informé comme il se doit. De même, une librairie Fnac, l’Ecole de Journalisme de Toulouse ainsi que les communes d’Alençon (Normandie) et de Vouillé (Poitou) ont organisé des débats sur les questions soulevées dans Bévues de presse (cette dernière vient également d'éditer un récit analysant ce boycott Cliquer ici). Le regard sur la presse régionale, généralement ignorée, ou les comparaisons avec des journaux étrangers ont particulièrement plu. Mais tout au long de 2002, aucune publication généraliste nationale n’a présenté Bévues de presse dans ses pages «Livres», à l’exception du Monde diplomatique (dont JP Tailleur est un ancien collaborateur). Les librairies ont de ce fait été mal averties de la spécificité de cet essai, certaines allant jusqu’à le placer dans leur rayon humour à cause d’un titre un peu maladroit…

Le débat proposé sur le maljournalisme n'a eu lieu que ponctuellement, pour le moment, alors que l'actualité s’y prêtait (avec la montée de l’islamisme en France, le cas Vivendi, pour citer deux des sujets évoqués dans le livre à travers leurs mauvais traitements médiatiques). Mais tôt ou tard, ce débat aura lieu, de toutes façons.

(*) Bruno Frappat, le directeur de La Croix, licenciera le journaliste Alain Hertoghe fin 2003, suite à la parution de La guerre à outrances («comment la presse française nous a désinformés sur l'Irak»)...

 

CAS D'ECOLE

1) Le mensuel Technikart est le premier journal national a avoir cité des propos de l'auteur de Bévues de presse, dans une interview de novembre 2003, près de deux ans après la parution du livre. Une journaliste du Nouvel Observateur a aussi interrogé longuement Jean-Pierre Tailleur pour un dossier paru le même jour sur "la face cachée du journalisme" (30 octobre 2003), mais ses travaux ont encore une fois été totalement occultés. L'hebdomadaire a finalement publié une lettre qui corrige un peu cette faute.

Le boycott de Bévues de presse tient davantage des mauvaises habitude d'une profession peu critiquée que d'une volonté déliberée de censurer, comme l'illustre ce courrier paru dans Le Nouvel Observateur deux semaines plus tard:

Votre dossier sur les défauts de la presse française, réalisé en écho des critiques de la presse médiatisées ces derniers temps, laisse dans l'ombre quelques thèmes importants. [...]  Il tend à déresponsabiliser les rédactions, à en faire des victimes de leur environnement et à ne s'intéresser qu'au microcosme parisien. Du coup, pour prendre un seul exemple, votre dossier ne s¹attarde pas du tout sur la perte de vitesse des journaux au centre de nos rouages démocratiques: les quotidiens régionaux. 

Vous auriez pu évoquer cette face cachée du journalisme français, et bien d¹autres aspects mal débattus, en vous référant à l¹essai Bévues de presse [...] dont je suis l¹auteur. Le Nouvel Observateur n¹a pas vocation à être une «Star Academy» de l'édition qui ne s´intéresserait qu¹aux travaux médiatisés parce qu'ils dérangent moins, n'est-ce pas?                      Jean-Pierre TAILLEUR

 

2) Témoignage d’un journaliste de presse régionale :

L'interview concernant votre essai Bévues de presse a finalement été censurée. Néanmoins, après négociation avec la rédaction en chef de L'Est-Eclair et Libération Champagne, j'ai pu rédiger une brève note de lecture parue ce jour dans les colonnes Informations générales des deux quotidiens. L'occasion pour moi d'orienter le lecteur vers mon site où est reproduite l'interview dans son intégralité et la genèse chaotique de l'article (www.gasperitsch.com). J'ai estimé en effet que la non-parution de l'article, qui correspond à une commande, est une atteinte à votre liberté d'expression et à la liberté d'information. Cela d'autant plus que vous dites bien haut ce que bon nombre de journalistes pensent à part eux, ainsi que j'ai pu le constater.

Devant mon insistance et mon argumentaire, le rédacteur en chef a finalement justifié sa décision de censure en reconnaissant adhérer à votre bilan. Sur la défensive, il a simplement noté que l'article serait paru si l'essai était le fait d'un journaliste connu, comme «le rédacteur en chef de Marianne et non d'un auteur marginal». Je pense pour ma part que le rédacteur en chef a eu peur de sauter. Le courage, notamment des opinions, est une qualité rare dans le monde de la presse écrite française.

Votre essai correspond à une triste réalité de la presse écrite française d'aujourd'hui, régionale bien sûr puisque c'est celle avec laquelle je collabore. Mais, au risque de vous surprendre, le constat que vous dressez reste néanmoins en deçà des pratiques qui ont cours dans la profession. Entre manque de réactivité, diffamation, dérapage racial, incompétence, méconnaissance du lectorat et des bases élémentaires du journalisme, prise de décisions erronées, la liste des carences pourrait être bien longue.

Heureusement, comme vous le constatez vous-même, certains titres sortent du lot. C'est rassurant. En ce qui me concerne enfin, je continue la lutte, commencé à ma sortie de l'ESJ de Lille, pour une réelle qualité rédactionnelle et un vrai professionnalisme. Ce qui m'encourage, c'est que la jeune génération de journalistes (dont je suis) pousse dans ce sens. Cela aussi est rassurant.

Commentaire de JP Tailleur:

Ce reproche fait à l'essai de ne pas être écrit par "un journaliste connu" est très spécieux. Juger sur pièce est pourtant à la base du journalisme, et de plus, jamais un «rédacteur en chef de Marianne» ne fera un livre ayant demandé plus de trois années de travail à temps plein. Plusieurs raisons à cela: par manque de temps, car trop d'amis ou d'ennemis dans la profession, et surtout parce que Marianne illustre souvent le «maljournalisme» (manque de rigueur et de reportage) dénoncé dans ce livre.

 

3) Autre témoignage, reçu par courriel, d’un journaliste du magazine Marianne quelques semaines après une longue interview:

Jean-Pierre, Je ne doute pas de l'intérêt de votre livre (sinon je n'aurais pas écrit un papier) mais de la volonté de Marianne de le publier. Confraternellement, Ph.

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La dernière mise à jour de ce site date du 22-07-2004