Bévues de Presse

"Le Point" & "Le Monde diplomatique"

 

Essai pour un vrai débat sur le maljournalisme

 

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© Le Monde diplomatique (juillet 2002)            

Rares sont les ouvrages qui s’attardent sur la « qualité » de la presse française, notamment lorsqu’elle se prévaut de ses enquêtes. C’est un tel travail d’investigation qu’effectue Jean-Pierre Tailleur, en prenant pour objet les enquêtes faussées des « grandes institutions » et les reportages minimalistes ou bâclés des quotidiens régionaux.

Cet inventaire empirique, conforté par une comparaison internationale avec des périodiques espagnols ou anglo-saxons, permet à l’auteur de diagnostiquer avec précision certaines des « maladies dédaignées du journalisme français ». Un tel dédain explique à ses yeux l’insuffisance des thérapies proposées - qu’il s’agisse par exemple du « métajournalisme » pratiqué par les « médiateurs », des émissions sur les médias ou du rôle des instances corporatives. Mais le sombre constat des « bévues » vaut-il vraiment comme une critique qui se substituerait à d’autres ? Le « maljournalisme » à la française n’est peut-être que la version française des effets de la marchandisation de l’information et du prêt-à-penser qui lui correspond.                   

Henri Maler

 

Commentaire de JP Tailleur: Le libéralisme n'est pas la seule cause de la médiocrité de certains journaux français. La comparaison internationale exposée dans le livre, avec des médias de pays autant soumis à la loi du profit, le démontre.

 

 

© Le Point (8 mars 2002)

 Lu et entendu: Bévues de presse

Après la malbouffe, l'horreur économique ou l'omerta française chère à notre collaboratrice Sophie Coignard, les Editions du Félin publient un petit traité sur le «maljournalisme». Un néologisme de plus dans la famille des «ismes», qui font causer. Ce livre détaille, pièces à l'appui - et c'est là son point fort -, la litanie des facilités, erreurs, malhonnêteté intellectuelle et autres ratages dont nous autres plumitifs encartés nous rendons coupables. Du Canard enchaîné, qui, selon l'auteur, ironise sans vraiment démontrer, au Monde, pas toujours à la hauteur de sa réputation, en passant par une charge (étayée) contre la pauvreté de la presse locale, tout ce qui imprime en France en prend pour son grade.

De l'autodénigrement ? Saluons plutôt le côté salutaire de cette entreprise. Toutefois, Jean-Pierre Tailleur, 40 ans, pigiste pour L'Usine nouvelle, El Pais, Phosphore, La Dépêche du Midi..., n'omet pas de prendre une précaution liminaire: «La presse française est globalement de bonne qualité...» Mais l'auteur va au-delà de ce satisfecit général. En prenant la peine de décortiquer certaines «enquêtes», il dévoile l'une des faiblesses de la presse française: l'enquête, justement. Brillants dans l'exercice de l'édito, nous serions assez médiocres dans la démonstration factuelle. Ce livre risque fort de passer inaperçu. Du reste, les Editions du Seuil ont préféré renoncer à cette publication peu indulgente avec la profession. Mais toujours argumentée.

Emmanuel Berretta

 

Commentaire de JP Tailleur:

--Le responsable de la page médias du Point fait référence à sa consoeur Sophie Coignard, co-auteur de L'omerta française (Albin Michel, 1999). Dans ce best-seller et ses dérivés commerciaux qui ont suivi, elle a eu le courage de briser beaucoup de tabous, mais pas ceux soulignés dans Bévues de presse et dans Maljournalisme à la française.

--Je suis un ancien collaborateur ou pigiste de L'Usine nouvelle, La Dépêche du Midi etc.

--Emmanuel Berretta a vu juste. Ce livre est presque passé inaperçu pour une raison, essentiellement: le corporatisme dans les rédactions. L’indépendance d’esprit et l’honnêteté du journaliste du Point méritent d’être saluées.

 

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