Bévues de Presse |
"La Libre Belgique" |
Essai pour un vrai débat sur le maljournalisme |
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© La Libre Belgique (Bruxelles, 23 mai 2002)
Les journaux français face à leurs «bévues»
"Les journaux font un travail approximatif et moralisateur", dénonce Jean-Pierre Tailleur. L'abandon de la culture du reportage expliquerait en partie cette évolution.
La presse française n'a plus toujours "bonne presse". Après le pamphlet de Serge. Halimi dénonçant le rôle de chien de garde que jouent les journalistes en France, où certaines enquêtes prouvant que le milieu journalistique pèche par un excès de conformisme de milieu et de pensée, c'est au tour de Jean-Pierre Tailleur, journaliste et écrivain, de passer la presse française, sa déontologie, sa paresse et ses complaisances, au crible de la critique dans un livre intitulé "Bévues de presse". "Il existe une sorte de maljournalisme en France, explique l'auteur. Au même titre que les Français sont capables de dénoncer les mauvais ingrédients qui font une mauvaise bouffe, il faudrait que la France apprenne à dénoncer le travail approximatif et moralisateur que fait souvent la presse française." Le travail de Jean-Pierre Tailleur n'est pas un pamphlet idéologique, à la Serge Halimi, ni une dénonciation théorique du microcosme parisien, mais simplement le recueil scrupuleux d'un certain nombre d'exemples qui démontrent que dans la presse française règnent souvent le préjugé et l'approximation... Ainsi, relève l'auteur, parmi bien d'autres exemples, Le Canard enchaîné, hebdo critique par excellence, a-t-il publié en deux ans une vingtaine d'articles dénonçant la politique de gestion de Jean-Marie Messier, sans qu'aucun ne fasse réagir. Lors de la prise de contrôle d'Havas, Jean-Marie Messier a été présenté comme un prédateur, qui a mis en poche quelque 20 milliards de francs français, avant de réduire deux semaines plus tard ce montant à 14 milliards. Trop approximatifs, ces articles n'ont suscité aucune réaction, il faudra attendre [un article de] Business week [en février 2002] pour que l'opinion publique s'interroge enfin sur la gestion Messier. Ces approximations, souligne l’auteur, peuvent par ailleurs se doubler d’erreurs parfois grossières – des erreurs pour lesquelles les journaux et hebdomadaires ont en outre bien du mal à s'excuser... L'oubli des faits Fort de sa triple culture, anglo-franco-espagnole, Jean-Pierre Tailleur semble, au fond, d'abord regretter qu'en France, on n'ait [pas assez] le goût du reportage [dans les journaux régionaux notamment], c'est-à-dire du recueil de témoignages et de faits, qui laissent parler ceux dont on parle, avant d'en faire le .commentaire. Aux Etats-Unis, où l'auteur a étudié, les journaux semblent au contraire se nourrir avant tout des faits. "En France, pays élitiste et centralisateur, soutient l'auteur, les journalistes pensent [trop souvent] qu'ils doivent avoir un point de vue, qu'ils doivent éduquer les masses." Il regrette également qu'il n'existe pas en France de magazines qui dénoncent les imprécisions de la presse [écrite], comme c'est le cas .aux Etats-Unis. Trop idéologique, trop partisane, trop centralisée, la presse française, y compris la presse régionale dont l'auteur déplore la médiocrité en France, se serait finalement éloignée des préoccupations des citoyens. Comme si, à force d'être proche du monde politique, elle souffrait désormais des mêmes maux que lui. Laurence d'Hond’t, correspondante à Paris
Commentaire de Jean-Pierre Tailleur: Ma culture est "américano-franco-argentine" plus exactement, et l'essai est bien plus nuancé que son résumé dans cet article. |
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